Il est du devoir de chacun, lorsque confronté à une négation des principes fondamentaux de son sens moral, de s'indigner, de s'exprimer, et lorsque toutes les alternatives ont échoué, d'agir en conséquence. Ce devoir est un droit garanti par les sociétés démocratiques ; on pourrait même dire que c'en est une définition. Mais au-delà de la question légale, ce devoir s'impose à tous, car il est la condition de survivance des principes humanistes.

Se pose alors la question : Comment agir ? Ou plus précisément, comment agir au-delà du cadre naturel d'expression citoyenne, c'est-à-dire le vote ? Les exemples ne manquent pas. Certains manifestent. Certains désobéissent. (En ce moment, on peut faire les deux en même temps) Certains empruntent le chemin politique. Certains commettent des attentats, ce qui constitue l'extrême de la volonté d'expression d'une indignation et d'un souhait profond de changement social.

Je ne sais pas manifester ; je ne veux pas désobéir. Je ne sais pas faire de politique, et il est hors de question que je commette des attentats. Alors, comment agir ?

En pensant. En menant une réflexion pesée, calme, orthogonale à l'état d'urgence (avec un é minuscule, au sens d'une situation d'urgence ; sa manifestation macroscopique est l'Etat d'urgence). Cette pensée n'a pas vocation à convaincre, et encore moins à persuader. Elle n'a d'autre vocation que sa propre libération et, par là-même, la libération de l'individu qui la produit, et une faible espérance de la libération de la pensée du lecteur.

Ce blog, encore embryonnaire, s'adresse à tous ceux qui, comme l'auteur, ne savent pas quoi faire, et ne peuvent rien faire d'autre que penser. Le lecteur est invité à proposer ses propres réflexions, pesées, argumentées, par commentaire ou en m'envoyant un mail, que je n'hésiterai pas à publier même s'il me contredit. Je ne manifeste pas mais je soutiens le droit à manifester, de même que je condamne les actes criminels des extrémistes de tout bord au Proche-Orient tout en encourageant la liberté d'expression culturelle et politique.

Le titre de ce blog est une référence au premier choeur de Nabucco de Verdi. Je ne suis pas le premier à l'utiliser : dans l'opéra lui-même, le message politique communément admis de cet air est la volonté d'unification de l'Italie. Ce chant a été par exemple utilisé par Riccardo Muti pour protester contre les coupes dans le budget de la culture, qui menaçait selon lui (et selon moi) sa patria si bella e perduta. Mais ce sont bien les premières paroles du chant qui m'intéressent. Que reste-t-il aux Hébreux réduits en esclavage ? La pensée, qui peut, elle, aller par monts et par vaux. A défaut d'être original, j'espère exprimer ainsi les raisons qui me poussent à écrire.